L’État islamique s’octroie le meurtre d’un adolescent en Allemagne où les citoyens s’alarment de plus en plus
Alors que l’État islamique a revendiqué dans la nuit du 29 au 30 octobre l’assassinat d’un adolescent en Allemagne, de plus en plus de compatriotes de la jeune victime s’arment depuis plusieurs semaines pour faire face à la montée de l’insécurité. La police allemande tient à s’assurer de la fiabilité de l’annonce des islamistes, notamment pour éviter la panique.
Le 16 octobre, un adolescent de 16 ans avait été poignardé à mort et son amie de 15 ans jetée dans la rivière de Hambourg sur les rives de laquelle les deux jeunes gens se promenaient. L’organisation État islamique a déclaré via son agence Aamaq : « Un soldat de l’État islamique a poignardé deux individus dans la ville de Hambourg le 16 de ce mois. Il a mené cette opération en réponse aux appels à cibler les citoyens des pays de la coalition. » Berlin s’est engagé à contrecœur dans le conflit en Syrie et en Irak, mais uniquement pour des missions de reconnaissance, de soutien logistique et d’instruction militaire, une raison cependant suffisante pour lui attirer des représailles.
Début octobre, les autorités ont annoncé que des Syriens avaient livré à la police l’un de leurs compatriotes qui projetait de commettre un attentat contre un aéroport de Berlin.
Le besoin de se sécuriser soi-même en plus d’avoir une protection policière
Cet été, la paisible Allemagne a connu une série d’attentats sur son sol, cinq dont trois commis par des réfugiés. L’État islamique a revendiqué deux d’entre eux. Cette violence armée s’ajoute aux agressions sexuelles commises par des réfugiés sur 1 200 femmes le soir de la dernière Saint Sylvestre dans le pays, principalement à Cologne. Depuis, la population vit dans une inquiétude grandissante, et de plus en plus d’Allemands se procurent des armes légères comme des pistolets ou des bombes de gaz lacrymogène, selon l’hebdomadaire Der Spiegel qui précise, dans un article du 29 octobre, que le nombre de permis de détention d’armes est passé de 273 000 à 440 000 de septembre 2015 à septembre 2016. Le directeur général de la Fédération des armuriers parle d’un nouveau type de clientèle.
Des personnes âgées ou des mères avec des enfants en bas âge achètent des pistolets à gaz, ce que déconseille la police d’après qui ces armes peuvent être retournées contre leurs propriétaires. « Le besoin de sécurité a augmenté de façon spectaculaire dans la société », explique Jérôme Endrass, professeur de psychologie légale à l’Université de Constance. Le spécialiste ajoute que « l’on est de plus en plus réticent à accepter l’incertitude, supporter l’idée que quelque chose puisse arriver ».
Un vote en ligne ouvert il y a moins de deux jours sur le site du Spiegel, qui n’a cependant pas valeur de sondage, recueillait ce midi près de 87 400 avis quant à la question de savoir si les personnes privées devaient pouvoir s’armer de gaz lacrymogène et de pistolets de d’alarme ; les partisans des deux camps étaient quasiment à égalité autour de 50%.
Les ministres de l’Intérieur des Länder ont décidé d’augmenter la présence policière pour rassurer la population. Les autorités veulent, par ailleurs, durcir les conditions de la vente d’armes, déjà stricte, afin d’empêcher les terroristes de s’en procurer. Ceux-ci pouvant en obtenir plus facilement que les simples citoyens par des filières djihadistes, comme faire de n’importe quel objet une arme par destination, la mesure pourrait davantage limiter la fourniture à ces derniers qu’aux semeurs de mort.
Dans le même temps, cherchant des cieux plus cléments sur le plan économique et celui de la sûreté, de plus en plus d’Allemands craignant les réfugiés quittent leur pays pour s’installer en Hongrie, pays voisins où les autorités se montrent très strictes sur l’accueil des migrants.
Hans-Søren Dag